Un réacteur à fusion est une source d'énergie qui peut être utilisée ensuite pour accélérer un fluide suffisamment.
Pour ce dernier point, le moteur ionique est celui qui actuellement est le plus performant : il utilise peu de matière pour donner une impulsion plus importante qu'un simple moteur chimique. Mais il reste deux obstacles de taille au moins : avoir suffisamment de "carburant" pour le voyage et avoir suffisamment d'énergie.
Ces deux problèmes pourraient être résolus en collectant le gaz interstellaire au cour du voyage, qui est principalement fait d'hydrogène.
Sinon c'est un moteur qui a actuellement une poussée minable comparé à un moteur chimique (mais un rendement nettement supérieur). Mais d'ici à ce que le réacteur à fusion soit opérationnel, ce sera encore augmenté et la taille d'un tel moteur devra être dimensionner pour un vaisseau spatial.
Mais cela ne sera de toute façon pas exploitable pour une fusée qui requiert une puissance instantanée gigantesque.
Quand à la fusion, c'est une catastrophe !
Il n'existe que deux projets en France : Megajoule et Iter. Le premier est militaire et déjà nettement discutable : compresser une sphère de façon parfaitement isotrope en la bombardant de faisceaux laser réfléchis dans une chambre ... cylindrique ! Le matos vient des américains qui ont abandonné après 30 ans de recherche infructueux !
Le second est civil, international et promis à un splendide échec ayant englouti des sommes faramineuses ! Il suffit de faire quelques recherches sur Iter + de Gennes pour avoir une bonne liste d'arguments contre ce projet pharaonique. Tiens, une remarque en passant ; des universitaires sont adjoints au projet moyennant une carotte (ou un bâton, ça dépend du point de vue : participé ou renoncer à leur poste de professeur !
Quelques problèmes non résolus concernant iter :
- on n'a strictement aucune idée de la tenue de l'aimant supra conducteur face au flux de neutrons espéré
- le plasma chaud arrache des éléments lourds qui refroidissent très rapidement le plasma et le rendent impropre à la fusion (déjà que sa température est la plus basse utilisable ...). Dans les tokamaks précédents aucune solution durable n'a été trouvée pour résoudre cette question à part : "faites plus gros, ça se refroidira moins vite". Cela sera-t-il la conclusion dans 40 ans soit à peu près la durée déjà passée sur ce type d'expérimentation ? Deux solutions sont proposées ici : un piège magnétique et un revêtement absorbeur de neutrons en libérant de l'hydrogène. On connaît la fiabilité des pièges magnétiques ; même s'ils parviennent à contenir l'essentiel du gaz chaud, il y a forcément une partie, la plus chaude, qui s'échappe. Et encore faut-il bien réussi à canaliser les éléments lourds dans ce piège avant qu'il ne pollue le plasma. Ce n'est pas gagné. Quant au revêtement, parviendra-t-il à assurer son rôle ? Fait d'éléments lourds, il y en aura forcément d'arrachés par la queue chaude du plasma.
- les réactifs sont radioactifs, donc l'ensemble le sera et par ailleurs les réactions produisent de nombreux neutrons rendant l'environnement immédiat invivable.
Autre souci majeur avec iter, le coût prohibitif. En 2010 le coût de construction a été triplé ; comment peut-on avoir fait une estimation si mauvaise lors du projet !? La contribution européenne sera de presque 1,5 milliards d'euro annuellement !
Tout ça pour un objectif de 6 minutes devant permettre d'établir à l'horizon 2050 la faisabilité d'une exploitation ...
Soit, il faut avancer dans ce domaine.
Mais en parallèle en 2006 un résultat fortuit est tombé d'où on ne l'attendait pas : la z-machine a produit des températures de plus de 2 milliards de degrés ! C'est bien réel contrairement à la désinformation que les USA tentent de faire à ce sujet. Forcément car cela est bien supérieure aux températures d'iter ce qui permet d'envisager la fusion à l'aide de réactions bien plus intéressantes non émettrices de neutrons, n'utilisant pas de réactifs radioactifs mais des plus courants. Or la z-machine est un projet militaire et ceux-ci veulent construire une bombe H propre de faible intensité. Apparemment les Russes y seraient parvenus l'été dernier.
L'intérêt de cette méthode : les américains l'ont reconstruite en 2006 pour le budget de ... la participation française à iter en 2006 avant rallonge (qui a doublé cette participation) !
En somme avec ce que l'Europe met dans Iter chaque année, on pourrait construire et entretenir plusieurs projets à striction magnétique par an en Europe !
Avec ce résultat inattendu, on peut espérer obtenir une fusion contrôlée, impulsionnelle, en moins de dix ans ; c'est ce que les américains ont dit. Alors pourquoi ne pas suivre cette filière en parallèle ?
Admettons que le réacteur à fusion soit opérationnel, il va tout de même prendre de la place. Un tokamak par nature on l'a vu ("faites plus gros, ça se refroidira moins vite"), la striction magnétique car il faut une batterie de "condensateurs" importante. Mais cela devrait pouvoir encore être réduit.
Mais en aucun cas cela ne permettra de produire un moteur pour faire décoller une fusée. Ce serait utilisé pour un vaisseau spatial.
Remarque, le risque nucléaire est moindre avec la fusion puisque le seul réactif radioactif est le tritium. On le trouve naturellement dans l'eau d'où on l'extrait. Alors en lançant le réservoir au dessus de la mer et en prévoyant de l'enflammer en cas de pépin, il se diluera vite dans l'eau sans apporter de dommages. Quant à la striction, de l'hydrogène normal et du lithium suffisent par exemple.
Si ta question portait sur le décollage plus que sur le voyage spatial, il me semble que la réponse est que ce n'est pas une voie d'avenir.
Par contre, les avions mhd comme Aurora, autonomes et qui peuvent atteindre les orbites très basses, pourraient servir de lanceurs du futur. Enfin d'aujourd'hui si les civils s'emparaient de la technique et les militaires laissaient faire les études mhd, mais certainement après la fin d'iter dans le cas contraire.